Un Dialogue spirituel

Dimanche 25 mars à 16 h

Église de Navarre, durée 1 h 30

Franz Liszt et Charles Bordes ont, au 19ème siècle et chacun à leur manière, honoré et servi la musique de la Renaissance. Ils l’ont interprétée, éditée, adaptée. De cette « culture » est né un répertoire original qui comporte en filigrane la trame de la musique polyphonique du 16ème siècle.

Ludus Modalis, ensemble spécialisé dans la belle polyphonie de la Renaissance, propose d’associer à la musique de ces maîtres quelques pièces d'orgue de Brahms et Liszt et la sublime musique de Palestrina, dont le stabat mater, annoté et édité par Richard Wagner, était considéré par Liszt et Bordes comme le chef-d’œuvre absolu.

En utilisant le sous-titre de Dialogue spirituel, Charles Bordes place résolument son œuvre « Domine puer Deus jacet » dans la lignée de celles des grands maîtres de la renaissance qu’il chérissait tant. La première tentation d’un interprète accoutumé au style des compositeurs de cette période est d’aborder la partition de la même manière qu’il le ferait face à une œuvre de Palestrina ou Lassus, Le Jeune ou Costeley. Le chemin est aisé à suivre car Charles Bordes démontre une parfaite connaissance des styles anciens et de la grammaire qui les régit, mais ce parcours s’avère rapidement déroutant car si Bordes fait preuve d’une grande maîtrise du contrepoint,  sa culture harmonique est celle d’un homme moderne, d’un vrai compositeur de cette aube du vingtième siècle. S’il use des richesses du tissu polyphonique à la manière d’un Lassus construisant une passion, en évoquant les personnages sans jamais quitter la polyphonie,  son style ne s’apparente pas à celui de ses illustres prédécesseurs. À la manière d’un audacieux Violet de Duc de la musique, il s’approprie la forme du « dialogue » pour la transcender, et non pas l’affadir. Il construit une œuvre humaine et étonnamment originale. Comment ne pas goûter aux audaces figuratives de certaines tournures, à ces gammes par ton aux couleurs pré–debussystes, à cette modalité assumée, à ces accords… n’évoqueraient-ils pas l’écriture d’un certain Abbé ​Liszt​?

Ce n’est pas seulement vers le passé que l’écriture de Charles Bordes nous conduit. Elle nous interpelle et nous permettent de comprendre ce que la connaissance des œuvres du passé lointain (maîtres de la Renaissance) ou proche (œuvres romaines de Franz Liszt) peuvent apporter dans l’acte de composition et dans l'appropriation d’une forme musicale existante.

Le programme

Franz Liszt |Introitus Orgue 

Venance Fortunat  (6ème siècle) | Vexilla Regis, hymne (chœur a cappella)

Franz Liszt | Via crucis S 53 (1876-9)  (4 voix, orgue, soli) Vexilla Regis  Station I.  Station II. 

Franz Liszt | Orgue

Giovanni Pierluigi da Palestrina | Stabat Mater à 8 voix

Franz Liszt | Ave maris stella (4 voix et orgue)

Charles Bordes | Domine puer Deus jacet  Dialogue spirituel  (3-7 voix) 

Franz Liszt | Crux (voix a cappella)

Franz Liszt | Via crucis S 53 (1876-9) Station XII.  Station XIII.  Station XIV

Franz Liszt | Qui seminant in lachrimis (4 voix et orgue)

Les interprètes

Ludus Modalis, direction Bruno Boterf

Kaoli Isshiki, Edwige Parat, sopranos

Alice Habellion, Christophe Laporte, altos

Serge Goubioud, Bruno Boterf, ténors

Jean-Claude Sarragosse, Benoît Descamps, basses.

Anne-Marie Blondel, orgue

Participation du chœur Ars Viva et d'un atelier choral